Covid-19 : les publications scientifiques à l’épreuve de la pandémie

29 April, 2020

Chers tous,

Merci à Hervé Maisonneuve<https://www.pseudo-sciences.org/Herve-Maisonneuve> pour cette analyse et cet éclairage ci-dessous concernant l’importance de pouvoir évaluer la pertinence des publications scientifiques surtout en période de crise sanitaire.

Covid-19 : les publications scientifiques à l’épreuve de la pandémie

https://www.pseudo-sciences.org/Covid-19-les-publications-scientifiques-...

La pandémie de Sars-CoV-2 responsable de la Covid-19 met à l’épreuve le système des publications scientifiques. La crise en cours pourrait avoir des répercussions durables sur les normes de publication et sur les modèles économiques des éditeurs scientifiques. Qu’avons-nous observé pendant les trois premiers mois de cette année 2020 ?

Les cliniciens au chevet des malades n’ont pas le temps d’analyser leurs résultats ni d’écrire des articles. À l’inverse, d’autres chercheurs, confinés, sont disponibles pour procéder à l’analyse de données qu’ils avaient laissées de côté et les préparer pour publication. Et les comités de rédaction des revues ne sont pas toujours suffisamment disponibles pour effectuer leurs tâches habituelles d’évaluation et de contrôle.

Toutes les revues scientifiques, quel que soit leur domaine, veulent publier vite sur la Covid-19 pour attirer des lecteurs. La compétition est grande, avec une recherche des articles dits « chauds ». Ce sont des articles qui seront repris dans les médias et ensuite cités, avec pour conséquence d’augmenter la notoriété de la revue. Pour de tels articles, le comité de rédaction peut être tenté de baisser ses exigences en termes de standard de qualité et d’éthique. L’évaluation par les pairs (peer review) est faite en moins de 48 heures, alors que cette évaluation prend habituellement un mois au minimum. Des revues prestigieuses publient des articles de médiocre qualité (résultats cliniques obtenus avec un très faible nombre de patients, études sans comparateur n’apportant aucune preuve) et parfois mal écrits. Par exemple la revue New England Journal of Medicine a publié les résultats d’une étude sur un antiviral (le remdesivir) [1]<https://www.pseudo-sciences.org/Covid-19-les-publications-scientifiques-.... Il s’agissait d’une étude ouverte (le patient sait qu’il reçoit le traitement que l’on veut évaluer) et sans groupe contrôle, c’est-à-dire sans possible comparaison avec des patients non traités. Elle a impliqué 61 patients recrutés dans huit pays, et l’analyse a pu être faite sur 53 d’entre eux. La conclusion se résume au constat qu’« une amélioration clinique a été observée chez 36 des 53 patients (68 %) ». Cette information est sans intérêt car elle est proche de l’évolution normale de la maladie sans traitement. Les auteurs notent eux-mêmes que « la mesure de l’efficacité nécessitera des essais randomisés et contrôlés ». L’étude était financée par le laboratoire commercialisant le produit, elle comportait 55 auteurs, dont 18 du laboratoire pharmaceutique. Des revues de synthèse de la littérature sur la Covid-19 ont été publiées, mais elles sont sans réel intérêt car un tel travail nécessite du temps pour prendre du recul et s’assurer de la qualité des données considérées……

…… Cette « pandémie d’articles » pourrait induire un changement dans le fonctionnement des revues scientifiques. Une centaine de revues académiques, sociétés, instituts et entreprises se sont engagées à rendre les recherches et les données sur la Covid-19 librement accessibles, au moins pendant la durée de l’épidémie. Si les articles publiés depuis janvier sont bien en accès libre, les références citées dans ces articles ne le sont malheureusement pas. Les frais de publication ne sont plus demandés par certaines revues. Ceci présage-t-il de changements durables ? Va-t-on revenir à des délais d’évaluation par les pairs plus raisonnables, de deux ou trois mois ? Les preprints vont-ils devenir une pratique usuelle pour tous les articles biomédicaux ?

Bien à vous.

Isabelle Wachsmuth

Universal Health Coverage and Health Systems

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